Difference between revisions of "Courtine d'autel"

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== Origines et développements ==
 
== Origines et développements ==
Les courtines d'autel ont une origine ancienne. On constate leur utilisation en occident dès le VIIIe siècle, même si leur utilisation est restreinte à Rome dans un premier temps. À l’origine les rideaux étaient au nombre de quatre (''tetravela''). L’usage des ''tetravela'' à Rome est attesté jusqu’au 13e siècle. Il est tombé en désuétude ailleurs au profit de deux rideaux placés sur les côtés de l’autel. Ceux-ci sont très courants dans le nord de l’Europe aux 14e, 15e et 16e siècles. Leur usage se réduit par après, même s’il semble se maintenir dans certaines régions jusqu'au 17e siècle (voir infra, Synode de Saint-Omer). Encore présent dans certaines églises au XVIII<sup>e</sup> siècle mais rare. Certaines représentations iconographiques montrent qu'ils restaient tout de même utilisés ([http://balat.kikirpa.be/object/10121574 fig. 3]). Leur progressive disparition est sans doute due à mettre sur le compte de la diffusion des autels monumentaux.
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Les courtines d'autel ont une origine ancienne. On constate leur utilisation en occident dès le 8e siècle, même si leur utilisation est restreinte à Rome dans un premier temps. À l’origine les rideaux étaient au nombre de quatre (''tetravela''). L’abbé J. Malet les évoque à propos des basiliques latines : ''Entre ces colonnes'' [du ciborium], […] on adaptait des rideaux ou courtines d’étoffes ordinatirement très riches, que l’on tenait fermées à certains moments du saint sacrifice. Ces courtines, au nombre de quatre, s’appelaient pour cela tetravela (&tau;&epsilon; &tau;&rho;&alpha;, quatre, et velum, voile). Anastase le bibliothécaire, dans maints endroits de ses ouvrages […], mentionne bon nombre de ciboria et de courtines, donnés par les Papes à diverses églises de Rome. [] Ne pourrait-on pas voir encore dans ces rideaux entourant l’autel un usage emprunté aux Juifs, dont le Saint des Saints était séparé des autres paries du temple par un immense voile.
  
De plus en plus courant en Europe du nord à partir du 14e siècle [[:File:z011684.jpg|(fig. 4)]] avant de tomber en désuétude progressive au cours du 17e siècle.
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L’usage des ''tetravela'' à Rome est attesté jusqu’au 13e siècle.  
  
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Ils disparaissent ensuite au profit de deux rideaux placés sur les côtés de l’autel. Ces courtines sont très courantes dans le nord de l’Europe aux 14e, 15e et 16e siècles. Puis elles tombent ensuite en désuétude et leur usage se réduit, même si elles semblent se maintenir dans certaines régions jusqu'au 17e siècle (voir infra, Synode de Saint-Omer). Elles sont encore rarement présentes dans certaines églises au 18 siècle, comme en témoignent certaines représentations (voir ci-contre l’estampe de Kleber). Leur progressive disparition est sans doute due à mettre au compte de la diffusion des autels monumentaux.
  
 
== Typologie ==
 
== Typologie ==
À l’origine les rideaux étaient au nombre de quatre (''tetravela''), en usage à à Rome jusqu’au 13e siècle. E
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On place les courtines tant à l’autel principal qu’aux autels latéraux (à la différence des ''tetravela'', seulement au maître autel). Si un mur est présent sur le côté de l’autel, un seul rideau suffit. Parfois, un troisième rideau prend place à l’arrière de l’autel. Les anglais l’appellent ''dossal''. Chez Charles du Fresne du Cange (1610-1688), on trouve sous les termes ''Dorsale, Dossal, Dossellus, Doxale, Dorsile''… de nombreuses mentions d’éléments textiles, en particulier pour revêtir l’arrière de l’autel.
 
 
Ils tombent en désuétude ailleurs qu'à Rome, au profit de deux rideaux placés sur les côtés de l’autel. Ceux-ci sont très courants dans le nord de l’Europe aux 14e, 15e et 16e siècles. Leur usage se réduit par après, même s’il semble se maintenir dans certaines régions au 17e siècle (cfr synode de Saint-Omer de 1640, voir infra). Encore présent dans certaines églises au 18e siècle, mais rare (cf. tout de même le cliché Balat M165554, objet 10121574). Leur progressive disparition est sans doute due à la diffusion des autels monumentaux.
 
On les place tant à l’autel principal qu’aux autels latéraux (à la différence des ''tetravela'', seulement au maître autel). Si un mur est présent sur le côté de l’autel : un seul rideau. Parfois, un troisième rideau prend place à l’arrière de l’autel. Les anglais l’appellent ''dossal''. Chez Charles du Fresne du Cange (1610-1688), on trouve sous ''Dorsale, Dossal, Dossellus, Doxale, Dorsile''… de nombreuses mentions d’éléments textiles, en particulier pour revêtir l’arrière de l’autel.  
 
 
Les rideaux sont accrochés soit à des tringles placées entre des colonnes en bois, métal ou pierre (surtout à l’autel majeur), soit à des bras (parfois escamotables, pour les autels secondaires). Ils sont parfois attachés au retable.
 
Les rideaux sont accrochés soit à des tringles placées entre des colonnes en bois, métal ou pierre (surtout à l’autel majeur), soit à des bras (parfois escamotables, pour les autels secondaires). Ils sont parfois attachés au retable.
L'anglais ''Dossal'' désigne l’élément de courtine placé derrière l’autel (cf. supra ''Dorsale'').
 
  
  

Revision as of 18:14, 24 March 2020

Messe de Saint-Grégoire du Missel d'Utrecht, 1426-1450, © IRPA, Bruxelles, cliché Z011684
Maître du retable de saint Barthélemy, Messe de Saint-Grégoire, ca. 1535 (détail) © IRPA, Bruxelles, cliché X003035
Vitrail de Lichtfield provenant de l'ancienne abbaye d'Herkenrode. Détail représentant Jean de Hornes, 1532-1539 © IRPA, Bruxelles, cliché X027105
Ignace Sébastien KLAUBER, L’adoration du saint Sacrement, 2e moitié du 18e siècle © IRPA, Bruxelles, cliché M165554


Étymologie

< lat. cortina, « rideau », « voile » (Isidore de Séville, Originum libri, 19, 26, 9 ; Saint Ambroise, Epistulae, 20,24, cités par Gaffiot, p. 435). Isidore de Séville est cité par le lexicologue Niccolò Perotti : Dictae autem cortinae a coreis, eo quod prius ex pellibus fuissent factae (Charlet, p. 358).

Définition

Ensemble de rideaux délimitant l’espace autour d’un autel. La courtine est suspendue à un ciborium ou à un porte-courtines. Elle est généralement placée de chaque côté de l’autel et parfois derrière celui-ci.

Hiérarchie

Origines et développements

Les courtines d'autel ont une origine ancienne. On constate leur utilisation en occident dès le 8e siècle, même si leur utilisation est restreinte à Rome dans un premier temps. À l’origine les rideaux étaient au nombre de quatre (tetravela). L’abbé J. Malet les évoque à propos des basiliques latines : Entre ces colonnes [du ciborium], […] on adaptait des rideaux ou courtines d’étoffes ordinatirement très riches, que l’on tenait fermées à certains moments du saint sacrifice. Ces courtines, au nombre de quatre, s’appelaient pour cela tetravela (τε τρα, quatre, et velum, voile). Anastase le bibliothécaire, dans maints endroits de ses ouvrages […], mentionne bon nombre de ciboria et de courtines, donnés par les Papes à diverses églises de Rome. [… ] Ne pourrait-on pas voir encore dans ces rideaux entourant l’autel un usage emprunté aux Juifs, dont le Saint des Saints était séparé des autres paries du temple par un immense voile.

L’usage des tetravela à Rome est attesté jusqu’au 13e siècle.

Ils disparaissent ensuite au profit de deux rideaux placés sur les côtés de l’autel. Ces courtines sont très courantes dans le nord de l’Europe aux 14e, 15e et 16e siècles. Puis elles tombent ensuite en désuétude et leur usage se réduit, même si elles semblent se maintenir dans certaines régions jusqu'au 17e siècle (voir infra, Synode de Saint-Omer). Elles sont encore rarement présentes dans certaines églises au 18 siècle, comme en témoignent certaines représentations (voir ci-contre l’estampe de Kleber). Leur progressive disparition est sans doute due à mettre au compte de la diffusion des autels monumentaux.

Typologie

On place les courtines tant à l’autel principal qu’aux autels latéraux (à la différence des tetravela, seulement au maître autel). Si un mur est présent sur le côté de l’autel, un seul rideau suffit. Parfois, un troisième rideau prend place à l’arrière de l’autel. Les anglais l’appellent dossal. Chez Charles du Fresne du Cange (1610-1688), on trouve sous les termes Dorsale, Dossal, Dossellus, Doxale, Dorsile… de nombreuses mentions d’éléments textiles, en particulier pour revêtir l’arrière de l’autel. Les rideaux sont accrochés soit à des tringles placées entre des colonnes en bois, métal ou pierre (surtout à l’autel majeur), soit à des bras (parfois escamotables, pour les autels secondaires). Ils sont parfois attachés au retable.


Textes normatifs

Il n'y a pas d’obligations, mais la courtine d'autel est conseillée par de nombreux synodes (Cologne 1280, Münster 1279, Liège 1287, Cambrai ca. 1300).

  • Synode de Cologne, 1280 : Cortinae in lateribus altaris utriusque appendatur nec in aliquo tempore sacrificii retro trahantur (Braun, 1924, p. 199)
  • Synode de Liège, 1287 : Cortinae a lateribus altaris utrimque appendatur, nec ab aliquo tempore Sacrificii retrahantur (Source : Concilia Germaniae, vol. 3, p. 691).
  • Synode de Saint-Omer, 1640 : demande que ce point soit inspecté au cours des visites d’églises.

Autres dénominations

Voiles d'autel.

Autres langues
NL altaargordijn
EN riddel, altar curtains
DE Altarvelen
IT cortina d’altare
ES terme ES
Langues anciennes
Latin tetravela, cortina
Ancien français $$


BALaT

Les courtines d'autel (1400-1700) dans BALaT - Photothèque

Représentations de courtines d'autel (1400-1700) dans BALaT - Photothèque

Les courtines d'autel dans BALaT - Bibliothèque

Fichiers liés

Courtine d'autel, fiche du thésaurus : Dernière modification le 5-3-2020.

Bibliographie

  • Jean-Louis Charlet, La correspondance philologique de Niccolò Perotti, Edition critique, traduction et commentaires, 2018.
  • J. Malet, « Essai sur les autels », Revue de l'art Chrétien, 23e année, 2e série t. 11 (38e de la collection), 1879, p. 47-68.