Colombe eucharistique

From OrnaWiki
Jump to: navigation, search
Colombe eucharistique. Des colombes eucharistiques furent fabriquées en grande quantité par les ateliers limousins et vendues dans toute l’Europe au XIIIe siècle. Source https://en.limousin-medieval.com/colombe-eucharistique.

Étymologie

  • Colombe : < latin columba, « colombe » (Gaffiot, p. 346).
  • Eucharistique : < grec ευχαριστια, « reconnaissance » puis « action de grâces » (Bailly, p. 385) ; < latin eucharistia, « action de grâces », puis « l'eucharistie » (Tertullien, De praescriptiones haereticorum, 36, cité par Gaffiot, p. 605).

Hiérarchie

Définition

Vase liturgique en métal précieux, en forme de colombe, généralement suspendu au-dessus de l’autel, dans lequel, au Moyen Âge, on conservait les hosties consacrées.

Origines et développements

Selon l'abbé Malet, à l'époque des basiliques latines, on élevait sous le ciborium (baldaquin porté par quatre colonnes reposant sur le sol) un ciborium plus petit dont les colonnettes s'appuyaient sur les quatre angles de la table même de l'autel. Il prenait le nom de peristerium (de περιστεριον, colombaire), parce qu'il abritait directement la colombe eucharistique, περιστερα, colombe.

Il apparait ainsi que de manière ancienne, probablement dès le IVe siècle, on suspendait la colombe eucharistique au ciborium qui surplombait l’autel. Durant les premiers siècles de la période médiévale, plusieurs réserves à hosties ont été envisagées. C’est pourquoi l’hostie pouvait soit être conservée dans une colombe dorée, soit dans une petite tour en argent. Le pape Innocent Ier (378-417, pontife à partir de 401), aurait offert à l’église Saint-Gervais-et-Saint-Protase une colombe et une tourelle eucharistique, ce qui atteste de l’ancienneté de ces objets liturgiques. La production de colombes eucharistiques se développera essentiellement au XIIIe siècle dans la région de Limoges. Les colombes de cette période ont pour particularité d’avoir été décorées avec des émaux champlevés. Entre le XVe et le XVIe siècle, l’utilisation du tabernacle se substituera à la colombe eucharistique. Selon l'abbé Duret (p. 223), la colombe disparait à l'époque des guerres de religion (seconde moitié du XVIe siècle), afin de soustraire les saintes espèces aux profanations. Au XVIIe siècle, les hosties consacrées ne seront donc plus abritées dans de tels objets zoomorphes mis à part quelques très rares exceptions au XIXe et au XXe siècle. Selon Jean-François Boyer, il est aussi possible qu’au XVIIIe siècle, il y ait eu à nouveau un bref intérêt pour ce type de vase.

En plus du rôle symbolique de la colombe, le fait de placer la réserve d’hostie en hauteur permettait de protéger le pain consacré des rongeurs. Cette réserve, qu’il s’agisse d’une tour, d’une colombe ou d’une pyxide, était souvent recouverte par un voile. Dans certains cas, la colombe était elle-même placée dans un autre objet. En réalité, il semblerait que les réserves eucharistiques étaient régulièrement agencées comme des objets gigognes, placés les uns dans les autres. Par exemple, l’hostie pouvait être contenu dans une pyxide, elle-même placée dans une colombe en suspension.

Typologie

Les colombes eucharistiques n’ont pas fortement changé au cour du temps. Les exemples les plus connus sont ceux réalisés au XIIIe siècle à Limoges, décorés d’émaux champlevés et parfois de gemmes (Musée de Cluny).

Dans la majorité des cas, la colombe est représentée debout, placée sur un petit disque, les ailes le long du corps. Les chaînes permettant de suspendre l’objet partent de cette base circulaire. Pour faciliter la suspension, les chaînes pouvaient être rattachées à quatre branches reliées au disque (Metropolitan Museum of Art, New Yord). Ce disque est généralement très simple d’apparence mais il peut également se doter d’une muraille miniature qui entoure la colombe. Les créneaux et les tours suggèrent peut-être la Jérusalem céleste (il existe un exemplaire au Rijksmuseum d’Amsterdam). Dans de plus rares cas, la colombe était représentée couchée. Pour cette typologie, les chaînes sont habituellement fixées sur le dos de l’animal (Musée du Louvre).

L’allure de la colombe eucharistique ne varie que très peu. Comme précisé, l’objet était souvent caché à l’aide de tissu. Pour cela, certaines chaînes étaient reliées à une structure à laquelle on pouvait suspendre un voile qui recouvrait le vase. Il existe également une colombe eucharistique, datée entre la seconde moitié du XVe siècle et le XVIe siècle, conservée dans l’église de Saint-Yrieix-la-Perche dont la réserve à hosties est entourée par une cage métallique . Sur cette structure, il était possible de poser un dais richement brodé. Il semblerait qu’il existe d’autres colombes suspendues dans un pavillon similaire.

Autres dénominations

Autres langues
NL peristerium
EN peristerium, eucharistic dove
DE Peristerium, Columba, Hostientaube, eucharistische Taube
IT colomba eucaristica
ES paloma eucarística

BALaT

Les colombes eucharistiques (1400-1700) dans BALaT - Photothèque

Représentations de colombes eucharistiques (1400-1700) dans BALaT - Photothèque

Les colombes eucharistiques dans BALaT - Bibliothèque

Bibliographie

  • Bernard Berthod & Élisabeth Hardouin-Fugier, Dictionnaire des arts liturgiques, XIXe-XXe siècle, Paris, 1996, p. 196.
  • Jean-François Boyer, « La colombe eucharistique de Saint-Yrieix-La-Perche, un oiseau médiéval blessé ? », in Espace et territoire au Moyen Âge, Hommage à Bernadette Barrière édité par Luc Ferran, Bordeaux (coll. Aquitania n°28, Ausonius publication n°29) 2012, p. 325-340. http://www.academia.edu/35466954/La_colombe_eucharistique_de_Saint-Yrieix-la-Perche_un_oiseau_médiéval_blessé_
  • Barbara Drake Boehm, and Elisabeth Taburet-Delahaye, Enamels of Limoges, 1100-1350, New York, 1996, p. 318-320. https://www.metmuseum.org/art/metpublications/enamels_of_limoges_1100_1350
  • D. Duret (abbé), Mobilier, vases, objets et vêtements liturgiques. Étude historique, Paris, Letouzey & Ané, 1932, p. 223.
  • Alain Erlande-Brandenburg, « Les colombes eucharistiques », in Bulletin Monumental, t. 132, n° 4, 1974. p. 307. https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1974_num_132_4_5405
  • Jacques Foucart-Borville, « Essai sur les suspenses eucharistiques comme mode d’adoration privilégié du saint sacrement », in Bulletin monumental, t. 145, n° 3, 1987, p. 267-289. https://doi.org/10.3406/bulmo.1987.2964
  • Jacques Foucart-Borville, « Les tabernacles eucharistiques dans la France du Moyen Âge » in Bulletin Monumental, t . 148, n° 4, 1990. p. 349-381. https://doi.org/10.3406/bulmo.1990.4355
  • Marie-Madeleine Gauthier, Élisabeth Antoine, Danielle Gaborit-Chopin, Corpus des émaux méridionaux. L'apogée 1190-1215, t. 2, Paris, 2011, p. 164-165. http://munozgouet.com/portfolio/corpus-emaux/
  • Glossarium Artis, Faszikel 2, Liturgische geräte, Kreuze une Reliquiare der Christlichen Kirchen - Objets liturgiques, croix et reliquaires des églises chrétiennes, Dokumentationsstelle Tûbingen, Tübingen-Strasbourg, 1972, p. 46.
  • R. Louis, La vie et les arts liturgiques, t. 3, Paris, 1916, p. 55.
  • J. Malet (abbé), « Essai sur les autels », in Revue de l'art Chrétien, 23e année, 2e série t. 11 (38e de la collection), 1879, p. 53.
  • Joël Perrin & Sandra Vasco Rocca (dir.), Thesaurus des objets religieux. Meubles, objets, linges, vêtements et instruments de musique du culte catholique romain. Religions objects of the Catholico Faith. Corredo ecclesiastico di culto cattolico, Paris, Caisse nationale des Monuments historiques, éditions du Patrimoine, 1999, p. 154-155.
  • Marilou Questiaux-Claude, « Des ciboires en pierre ou tabernacles au XVIe siècle » in Revue d'histoire religieuse du Brabant wallon (Wavre), t. 13, n° 4, 1999, p. 223- 238. https://neptun.unamur.be/files/original/8414e2da307769ad69df2a0486f796945d43a891.pdf
  • Elizabeth Parker McLachlan, « Liturgical Vessels and Implements » in Thomas J. Heffernan & E. Ann Matter (éd.), The Liturgy of the Medieval Church , Michigan, 2005, p. 398-399, fig. 6.

Webographie