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== Étymologie == | == Étymologie == | ||
− | < | + | < grec μιτρα : une bande de tissu servant à lier, soutenir quelque chose sur le corps (ceinture ou plus précisément la poitrine des femmes). Ensuite le sens est passé à « voile », « turban », « bandeau frontal » ou « bonnet ». Cicéron utilise le terme latin mitra pour la coiffure des orientaux (''De haruspicum responsis'', 44, cité par Gaffiot, p. 984). |
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− | D’après Joseph Braun, les mitres ne deviennent d’un usage régulier en dehors de Rome qu’autour de l’an 1000. À Rome, cela serait vers 950. La première mention assurée d’une mitre liturgique date du pontificat de Léon IX (1049-1054) : Eberhard, évêque de Trêves, reçoit la mitre comme insigne de sa primature sur son diocèse. Il s’agit d’abord d’un privilège accordé par le Pape à des prélats. Mais l’usage se répand progressivement au cours du | + | D’après Joseph Braun, les mitres ne deviennent d’un usage régulier en dehors de Rome qu’autour de l’an 1000. À Rome, cela serait vers 950. La première mention assurée d’une mitre liturgique date du pontificat de Léon IX (1049-1054) : Eberhard, évêque de Trêves, reçoit la mitre comme insigne de sa primature sur son diocèse. Il s’agit d’abord d’un privilège accordé par le Pape à des prélats. Mais l’usage se répand progressivement au cours du XIIe siècle. Vers 1100, la mitre n’est toujours pas en usage chez l’évêque de Liège. |
− | En même temps, certains abbés reçoivent le droit de porter la mitre, ainsi que des bulles pontificales le laissent entendre. Au | + | En même temps, certains abbés reçoivent le droit de porter la mitre, ainsi que des bulles pontificales le laissent entendre. Au XIIIe siècles, certains évêques prennent la liberté d’accorder eux-mêmes ce droit (comme Siegfried de Mayence). Certains abbés se l’approprient ensuite et abusent de son usage. Bernard de Clairvaux dénonce l’usage de la mitre (et d’autres insignes pontificaux) par des abbés et plusieurs documents pontificaux des papes Innocent II, Innocent III et Clément IV (XIIe - XIIIe siècle) en proscrivent le port illégitime. En 1198, Innocent II indique clairement dans sa ''Constitution de l’Ordre des Prémontrés'' que l’abbé ne pourra pas faire usage de la mitre et des chaussures pontificales. Ceux qui avaient le droit de la porter ne devaient normalement le faire que lors de certaines fêtes précises ou parfois aussi pour des processions. Erlebald de Stavelot reçoit en 1162 et 1172 le droit de porter la mitre à la cour royale, sans doute dans le cadre de certaines fêtes (Braun, p. 455). |
− | Les chanoines de certaines églises ont été autorisés dès le | + | Les chanoines de certaines églises ont été autorisés dès le XIIe siècle à porter la mitre à certaines conditions. |
− | Les cardinaux portent de droit la mitre dès le milieu du | + | Les cardinaux portent de droit la mitre dès le milieu du XIIe siècle. Au XIIIe siècle, ils doivent normalement porter une simple mitre blanche (simplex). La mitre pouvait aussi être attribuée à des princes ou à l’Empereur (notamment lors de son couronnement). |
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− | La mitre connaît une évolution complexe. Les premières mitres du | + | La mitre connaît une évolution complexe. Les premières mitres du XIe siècle présentent des formes diverses, dont la plus courante est celle d’un bonnet, parfois bombé de part et d’autre de la tête. La mitre en triangle existe aussi. |
− | La forme à cornettes se développe alors pour adopter la forme en triangle. Néanmoins l’orientation est différente ; Les cornettes sont placées à droite et à gauche du visage. Il s’agit d’un passage vers le troisième type, celui que l’on connaît aujourd’hui, où les cornettes sont placées à l’avant et à l’arrière. Ce type se développe dans la seconde moitié du | + | La forme à cornettes se développe alors pour adopter la forme en triangle. Néanmoins l’orientation est différente ; Les cornettes sont placées à droite et à gauche du visage. Il s’agit d’un passage vers le troisième type, celui que l’on connaît aujourd’hui, où les cornettes sont placées à l’avant et à l’arrière. Ce type se développe dans la seconde moitié du XIIe siècle. Les cornettes latérales disparaissent définitivement vers 1175. |
L’évolution qui suit est directement liée à cette forme. Le triangle tend à s’allonger, puis les côtés du triangle tendent à devenir convexes. | L’évolution qui suit est directement liée à cette forme. Le triangle tend à s’allonger, puis les côtés du triangle tendent à devenir convexes. | ||
Les deux pendants de tissu à l'arrière de la mitre sont appelés fanons. | Les deux pendants de tissu à l'arrière de la mitre sont appelés fanons. | ||
+ | ''Le canon des couleurs n'a jamais été appliqué à la mitre. On en trouve de rouges, de vertes, de bleues, de grises. Les mitres sont de toile, de damas, de brocart, de velours, de drap d'or et d'argent'' (Duret, p. 270). | ||
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== Bibliographie == | == Bibliographie == | ||
− | + | * Xavier Barbier de Montault, ''Traité pratique de la construction, de l'ameublement et de la décoration des églises selon les règles canoniques et les traditions romaines'', Paris, Louis Vivès, t. 2, 1877, p. 237-276. | |
+ | * D. Duret (abbé), ''Mobilier, vases, objets et vêtements liturgiques. Étude historique'', Paris, Letouzey & Ané, 1932, p. 105-106, 171-173, 269-271. | ||
+ | * ''Fil de soie, chemin de soie'', cat. exp., Chambord, Château de Chambord, 1983, p. 74-75. | ||
+ | * Joël Perrin & Sandra Vasco Rocca (dir.), ''Thesaurus des objets religieux. Meubles, objets, linges, vêtements et instruments de musique du culte catholique romain. Religions objects of the Catholico Faith. Corredo ecclesiastico di culto cattolico'', Paris, Caisse nationale des Monuments historiques, éditions du Patrimoine, 1999, p. 324. |
Latest revision as of 20:56, 14 November 2021
Contents
Étymologie
< grec μιτρα : une bande de tissu servant à lier, soutenir quelque chose sur le corps (ceinture ou plus précisément la poitrine des femmes). Ensuite le sens est passé à « voile », « turban », « bandeau frontal » ou « bonnet ». Cicéron utilise le terme latin mitra pour la coiffure des orientaux (De haruspicum responsis, 44, cité par Gaffiot, p. 984). L'utilisation de ce terme pour la mitre est très tardive.
Définition
Haute coiffure à deux pointes, avec, pendant à l’arrière, deux bandes de tissus, appelées fanons portée par le pape, les cardinaux, les évêques et plus rarement les abbés.
Hiérarchie
Origines et développements
D’après Joseph Braun, les mitres ne deviennent d’un usage régulier en dehors de Rome qu’autour de l’an 1000. À Rome, cela serait vers 950. La première mention assurée d’une mitre liturgique date du pontificat de Léon IX (1049-1054) : Eberhard, évêque de Trêves, reçoit la mitre comme insigne de sa primature sur son diocèse. Il s’agit d’abord d’un privilège accordé par le Pape à des prélats. Mais l’usage se répand progressivement au cours du XIIe siècle. Vers 1100, la mitre n’est toujours pas en usage chez l’évêque de Liège. En même temps, certains abbés reçoivent le droit de porter la mitre, ainsi que des bulles pontificales le laissent entendre. Au XIIIe siècles, certains évêques prennent la liberté d’accorder eux-mêmes ce droit (comme Siegfried de Mayence). Certains abbés se l’approprient ensuite et abusent de son usage. Bernard de Clairvaux dénonce l’usage de la mitre (et d’autres insignes pontificaux) par des abbés et plusieurs documents pontificaux des papes Innocent II, Innocent III et Clément IV (XIIe - XIIIe siècle) en proscrivent le port illégitime. En 1198, Innocent II indique clairement dans sa Constitution de l’Ordre des Prémontrés que l’abbé ne pourra pas faire usage de la mitre et des chaussures pontificales. Ceux qui avaient le droit de la porter ne devaient normalement le faire que lors de certaines fêtes précises ou parfois aussi pour des processions. Erlebald de Stavelot reçoit en 1162 et 1172 le droit de porter la mitre à la cour royale, sans doute dans le cadre de certaines fêtes (Braun, p. 455). Les chanoines de certaines églises ont été autorisés dès le XIIe siècle à porter la mitre à certaines conditions. Les cardinaux portent de droit la mitre dès le milieu du XIIe siècle. Au XIIIe siècle, ils doivent normalement porter une simple mitre blanche (simplex). La mitre pouvait aussi être attribuée à des princes ou à l’Empereur (notamment lors de son couronnement).
Typologie
La mitre connaît une évolution complexe. Les premières mitres du XIe siècle présentent des formes diverses, dont la plus courante est celle d’un bonnet, parfois bombé de part et d’autre de la tête. La mitre en triangle existe aussi. La forme à cornettes se développe alors pour adopter la forme en triangle. Néanmoins l’orientation est différente ; Les cornettes sont placées à droite et à gauche du visage. Il s’agit d’un passage vers le troisième type, celui que l’on connaît aujourd’hui, où les cornettes sont placées à l’avant et à l’arrière. Ce type se développe dans la seconde moitié du XIIe siècle. Les cornettes latérales disparaissent définitivement vers 1175. L’évolution qui suit est directement liée à cette forme. Le triangle tend à s’allonger, puis les côtés du triangle tendent à devenir convexes. Les deux pendants de tissu à l'arrière de la mitre sont appelés fanons. Le canon des couleurs n'a jamais été appliqué à la mitre. On en trouve de rouges, de vertes, de bleues, de grises. Les mitres sont de toile, de damas, de brocart, de velours, de drap d'or et d'argent (Duret, p. 270).
Textes normatifs
- Caeremoniale episcoporum : trois types de mitres : pretiosa, auriphrygiata, simplex. Il faut les placer sur la crédence pour la messe d’arrivée de l’évêque.
Super eadem mensa apponentur mitra pretiosa, vel auriphrygiata & altéra simplex cum bireto paruo, quod mitrae supponitur, necnon vélum pro cappellano seruiente de mitra... (p. 58)
Autres dénominations
Autres langues | |
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NL | mijter |
EN | mitre |
DE | Mitra, Bischofshut |
IT | mitra |
ES | mitra |
Langues anciennes | |
---|---|
Latin | mitra ; infula (XIIe siècle. Le terme a aussi le sens d’ « état pontifical » sans que cela désigne l’objet) ; inful (XIIe siècle) ; cuphia ; cidaris ; tiara ; pileum. |
Ancien français | termes en ancien français |
BALaT
Les mitres (1400-1700) dans BALaT - Photothèque
Représentations de mitres (1400-1700) dans BALaT - Photothèque
Les mitres dans BALaT - Bibliothèque
Oeuvre sous la loupe
Mitre dite de Jacques de Vitry
Bibliographie
- Xavier Barbier de Montault, Traité pratique de la construction, de l'ameublement et de la décoration des églises selon les règles canoniques et les traditions romaines, Paris, Louis Vivès, t. 2, 1877, p. 237-276.
- D. Duret (abbé), Mobilier, vases, objets et vêtements liturgiques. Étude historique, Paris, Letouzey & Ané, 1932, p. 105-106, 171-173, 269-271.
- Fil de soie, chemin de soie, cat. exp., Chambord, Château de Chambord, 1983, p. 74-75.
- Joël Perrin & Sandra Vasco Rocca (dir.), Thesaurus des objets religieux. Meubles, objets, linges, vêtements et instruments de musique du culte catholique romain. Religions objects of the Catholico Faith. Corredo ecclesiastico di culto cattolico, Paris, Caisse nationale des Monuments historiques, éditions du Patrimoine, 1999, p. 324.