Les objets liturgiques, attributs de saints et de personnages de la Bible
Dans l’iconographie chrétienne, il est courant de représenter une personne (personnage de l’Ancien ou de Nouveau Testament, saint...) accompagné de son attribut, c’est-à-dire le symbole qui l’identifie. Un attribut peut être un objet, un animal voire une autre personne. Cet attribut est en général lié à un épisode de sa vie. On représentera par exemple saint Hubert de Liège accompagné du cerf crucifère qui lui est apparu quand il chassait. L’attribut peut aussi être un objet qui n’identifie pas spécifiquement la personne, mais indique son statut : un phylactère pour un prophète, une palme pour un martyr, un habit d’évêque…
Certains objets liturgiques sont ainsi devenus des attributs. Mais comme un objet peut être l’attribut de plusieurs saints différents, il ne permet pas toujours d'identifier d'emblée duquel il s'agit. Dans ce cas, il faudra examiner le reste de l’iconographie voire le contexte de l’oeuvre pour déterminer de quel saint précis il s’agit : le costume, des inscriptions, la dédicace de l’église ou de l’autel, etc. Ainsi, une crosse et une mitre indiqueront qu’il s’agit d’un évêque, mais un attribut supplémentaire - un coeur enflammé - précisera qu’il s’agit d’Augustin d’Hippone.
Un attribut peut aussi identifier un archange, ou indiquer la fonction d’un ange.
Attribut | Personnage | Histoire ou légende | Exemples |
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Burette de messe | Walburge d'Eichstätt | Sur une statue du XVIIIe siècle, en bois polychromé, conservée à Munsterbilzen, Kerk O.L.Vrouw Hemelvaart, elle est représentée tenant une burette (?). | Exemple |
Calice | Anges | On représente un ange apportant au Christ un calice, au Jardin des Oliviers, en signe d’acceptation de sa mission. Dans certaines représentations de la Passion, des anges recueillent dans des calices le sang jaillissant des plaies du Christ crucifié. | Balat |
Antoine-Marie Zaccaria | (Cremona [Lombardia, IT] – 1502 – idem, 1539). Prêtre fondateur des Clercs réguliers de saint Paul au XVIe siècle. | ? | |
Bruno de Cologne | (1030 ca - 1101). Fondateur de l'Ordre des Chartreux au XIe siècle. | Exemple | |
Eloi de Noyon | (v. 588 - 660). Évêque de Noyon au VIe siècle, orfèvre et monnayeur. La tradition en ayant fait un habile orfèvre, il est souvent représenté avec une pièce d’orfèvrerie, le plus souvent un calice. | ? | |
Laurent diacre | (Huesca [ES], 225 ca – Roma, 258). Le pape Sixte II l'établit le premier des sept diacres attachés au service de l'Église romaine, et en cette qualité, gardien du trésor de l'Église. Avant de mourir, il aurait expédié la coupe utilisée par le Christ lors de la Cène (le Saint Calice), qui faisait partie de ce trésor, à ses parents, à Huesca. Ce calice se trouve dans la cathédrale de Valence [Espagne] (Renault, p. 37).
Vincent de Beauvais rapporte, dans sa chronique, qu'il y avait à Milan dans une église de saint Laurent un calice de cristal d'une merveilleuse beauté. Un diacre qui le portait à l’autel le laissa échapper de ses mains, et il se brisa en morceaux. Mais le diacre affligé en rassembla les fragmentssur l’autel, pria saint Laurent, puis reprit le calice entier (Jacques de Voragine). |
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Melchisédech | Personnage de la Genèse (14, 18-20). Melkisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin : il était prêtre du Dieu très-haut. Il le bénit en disant : « Béni soit Abram par le Dieu très-haut, qui a créé le ciel et la terre ; et béni soit le Dieu très-haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains. » Et Abram lui donna le dixième de tout ce qu’il avait pris.. Il s’agit d’une préfiguration de l’instauration du sacrement d’Eucharistie, raison pour laquelle on représente Melchisédech avec un calice. | Balat | |
Richard de Chichester | (1197-1253). Evêque de Chichester en Angleterre, de 1244 à 1253. On le représente avec un calice renversé, car il avait laissé tomber le sien pendant une messe et le liquide ne s’était pas renversé. | Lien | |
Thomas d’Aquin | (château de Roccasecca près d'Aquino (Latium, IT), 1225 ou 1226 - abbaye de Fossanova près de Priverno (Latium, IT), 1274). Dominicain, docteur de l’Eglise. | ? | |
Calice à l’araignée | Conrad de Constance | (né vers 900). Evêque de Constance de 934 à 975. Au cours de la célébration de la messe, une araignée tomba dans le calice au moment où Conrad allait communier. Par respect pour la Présence réelle de Dieu dans le vin, il but le contenu du calice. Il s'attendait au pire, car les araignées étaient alors réputées comme poison. Au repas suivant, il ne mangeait rien et on lui demanda la raison. Il répondit: "J'attends un hôte qui doit venir", En effet, quelques instants après, l'araignée sortit de la bouche du saint (Des Graviers - Jacomet, repris par Wikipedia ; Traité d’Iconographie Chrétienne de Xavier Barbier de Montault). | ? |
Norbert de Prémontré | (Gennep [près de Xanten, DE], 1080 – Magdeburg, 1134). Fondateur de l’ordre des Prémontrés. Norbert aurait avalé une araignée venimeuse tombée dans son calice, qui ressortit par son nez. Mais il est le plus souvent représenté avec un ostensoir. | ? | |
Calice surmonté de l'Enfant Jésus | Hugues d’Avalon | ou Hugues de Lincoln (château d’Avalon (Saint-Maximin [Isère, FR], vers 1140 – Londres, 1200). Alors qu'il célèbre la messe, un enfant lumineux apparaît dans un calice, au moment de la consécration (Hugues Charvet, Des vaus d’Avalon à la « Queste du Graal », Paris, Corti, 1967 ; Renault, p. 39). | ? |
Calice surmonté d'une hostie | Barbe d’Héliopolis | (vers 270 – vers 306). Le plus souvent représentée avec la tour où elle fut enfermée, elle peut aussi être représentée, en tant que sainte intercesseuse, avec un calice surmonté d’une hostie, car elle est considérée comme garante d’une bonne mort pour ceux qui ont une dévotion envers elle. | Balat |
Foi (Vertu théologale) | Elle écarte d'un calice surmonté d'une hostie un chien terrassé | Balat | |
Ignace de Loyola | (Loiola [Pays basque, ES], 1491 – Rome, 1556). Fondateur de la Compagnie de Jésus. Il est ainsi représenté sur un tableau du XVIIe siècle dans l’église de Gimnée. | Balat | |
« Calice » au dragon ou au serpent | Jean évangéliste | Parfois représenté avec un « calice » au serpent ou au dragon : Il ne s’agit pas d’un calice liturgique mais d’une coupe empoisonnée que lui a donnée un prêtre païen d'Éphèse pour le mettre à l'épreuve. Mais après une bénédiction par saint Jean, le venin s'échappe de la coupe sous la forme d'un petit dragon (ou d'un serpent).selon des sources apocryphes, saint Jean l'évangéliste, contraint de boire du poison pour n’avoir pas sacrifié aux dieux, bénit le calice d’où sortit alors un serpent (cfr Jacques de Voragine, La légende dorée). | Balat |
Ciboire | Anges | On peut trouver des anges buccinateurs honorant le Saint-Sacrement. Ils sont alors représentés de part et d’autre d’un ciboire. | ? |
Charles Borromée | (Arona [Piémont, IT], 1538 - Milan, 1584). Archevêque de Milan et cardinal. Grand artisan dans son diocèse de la Contre-Réforme catholique, il est considéré comme un modèle d'évêque post-tridentin. Canonisé dès 1610 par le pape Paul V, il est représenté avec un ciboire, symbole de l’Eucharistie, le Concile de Trente ayant confirmé la transusbstantiation. | Balat | |
Godefroid Coart de Melveren | (Melveren, 1512 - Gorcum, 9 juillet 1572). Franciscain, il est l’un des 19 martyrs de Gorcum, supplicié par les « Gueux de mer ». Il est béatifié en 1675 par Clément X. | Balat | |
Hyacinthe Odowrac de Cracovie | (Silésie, 1185- Cracovie [PL], 1257). Dominicain. Selon la tradition, il se trouvait dans un monastère à Kiev pendant une attaque de Tartareset réussit à sauver une statue de la Vierge trop lourde pour lui, ainsi que le Saint Sacrement. C’est pourquoi on le représente avec un ciboire ou un ostensoir. | Balat | |
Valentin | (Terni, 176 – Rome, 269). Evêque décapité par l’empereur Claude II le gothique. Dans l’église de Guirsch (Gaume), une statue du XVIIIe siècle le représente avec un ciboire et la palme de martyr. | Balat | |
Cierge | Anges | Les anges céroféraires sont fréquents pour la décoration des autels (ils portent un cierge ou soutiennent un candélabre). Un ange portant un cierge est parfois présent dans une scène de la Passion du Christ. | Balat |
Blaise de Sébaste | (+ 316). Médecin et évêque de Sébaste (Turquie), martyrisé en Arménie sous Licinius, par l'ordre d'Agricola, gouverneur de Cappadoce. Réputé soigner les maux de gorge, il est vénéré en Normandie ou en Alsace, notamment à Blodelsheim, dont il est le saint patron et où la coutume veut que l'on allume deux cierges bénits croisés sur la gorge du fidèle qui le prie pour sa guérison (Renault, p. 52). | Balat | |
Eloi de Noyon | Souvent représenté avec un calice ou une forge (voir supra), il est parfois muni d’un cierge, comme sur une statue du XVIIe siècle à l’Eglise Saint-Remi de Heure-le-Romain. | Balat | |
Geneviève de Paris | Alors qu’elle visitait de nuit avec ses compagnes le chantier de la basilique Saint-Denis qu’elle avait ordonné, un cierge s’éteint et se ralluma quand la sainte le prit. Elle est représentée avec un cierge allumé ou qui reste allumé grâce à un ange (Renault, p. 16). | Balat | |
Gudule de Bruxelles | Sainte patronne de Bruxelles. Filleule de sainte Gertrude. Chaque matin, elle allait à l'église du Saint-Sauveur, qui était à deux lieues de sa maison à Moorsel. Elle portait un cierge que le diable éteignait afin qu'elle s'égare, mais un ange lui était envoyé pour le rallumer. Au lieu du cierge, il peut s’agir d’une lanterne. | Balat | |
Lucie de Syracuse | Née vers 283 et morte au début du IVe siècle à Syracuse (Sicile). Son nom dérivant du latin lux (lumière), elle est parfois représentée avec un cierge et protège la vue et les yeux. | ? | |
Wivine de Bruxelles | Ou Wivine de Grand-Bigard (Oisy(-le-Verger) [Pas-de-Calais, FR], vers 1103 – Grand-Bigard, 1170). Moniale bénédictine et sainte brabançonne, considérée comme la fondatrice du monastère de Sainte-Wivine à Grand-Bigard. | Balat | |
Dalmatique | Etienne | Mort en 34. Considéré a posteriori comme le premier diacre et le premier martyr de la chrétienté. | Balat |
Laurent | Diacre (voir supra). | Balat | |
Encensoir | Aaron | Grand-prêtre de l’Ancien Testament, il manie l’encensoir pour calmer la colère de Dieu (Nombres, 16, 45). | Balat |
Ange | Des anges thuriféraires (du latin classique thus, thuris, encens) entourent fréquemment le Christ ou la Vierge à l’Enfant. | Balat | |
Laurent | Diacre (voir supra). | Balat | |
Zacharie | Grand-prêtre de l’Ancien Testament (Renault, p. 82). | Balat | |
Étole (liturgie) | Prêtres ou diacres | De nombreux évêques ou prêtres sont représentés portant l’étole, notamment Hubert de Liège (étole avec croix présentée par un cerf), Jean Népomucène, le jésuite François-Xavier… Des diacres, comme le diacre Etienne, la portent également. | Balat |
Goupillon (liturgie) | Marthe | Selon la Légende dorée, Marthe jeta de l’eau bénite sur la Tarasque, un dragon qui terrorisait les rives du Rhône entre Arles et Avignon. L’animal put être ainsi maîtrisé (Renault, p. 80). | Balat |
Lutrin | Vierge | Elle est souvent représentée en prière devant un lutrin au moment de l’Annonciation. Il ne s’agit pas stricto sensu d’un attribut, mais il peut servir à identifier une Vierge isolée d’un groupe, par exemple une Vierge d’Annonciation du XVe siècle conservée en collection privée. | Exemple |
Mitre | Augustin d'Hippone | (354-430). Docteur de l’Eglise. Comme la plupart des évêques, il est représenté avec ses insignes sacerdotaux. | Balat |
Bernard de Clairvaux | (1090 – 1153). Refusant de devenir évêque, il marque son mépris pour les honneurs du pouvoir en jetant une mitre à terre. On peut aussi le représenter une crosse sous les pieds. (Renault, p. 132). | ? | |
Bernardin de Sienne | (1380-1444). Prédicateur franciscain, canonisé dès 1450. On le représente trois mitres à terre, car en 1426, il refuse les évêchés de Sienne, Ferrare et Urbino. | ? | |
Blaise | Evêque de Sébaste (voir ci-dessus). | Balat | |
Boniface | (Crediton [Devon, GB] – vers 680 – Dokkum [Frise, NL], 754). Evêque, fondateur de nombreux évêchés. | ? | |
Bruno | (vers 1035 – 1101). Appelé à Rome par le pape Urbain II, il quitte les honneurs de la cour pontificale pour se consacrer à son ordre. C’est pourquoi on le représente avec une mitre jetée à terre, ou une crosse sous ses pieds (Renault, p. 132). | ? | |
Denis | Saint patron de Paris et de la Seine-Saint-Denis, premier évêque de Paris. Il meurt à Montmartre vers 251. On le représente en costume d’évêque, et parfois portant sa tête sous le bras après sa décapitation. | Balat | |
Eloi | On représente Eloi (voir supra) en évêque, portant sa crosse, et souvent avec un attribut dans l’autre main, par exemple le marteau de forgeron. | Balat | |
Germain d’Auxerre | Ou Germain l’Auxerrois (Appoigny [Auxerre, FR], vers 380 – Ravenne [IT], 448). Fonctionnaire romain, nommé évêque d’Auxerre en 418. | Balat | |
Germain de Paris | Ou Germain d’Autun (Autun, 496 – Paris, 576). Evêque de Paris en 555, fondateur, sous le règne de Childebert Ier, d'une abbaye (la future abbaye de Saint-Germain-des-Prés). | Balat | |
Hubert de Liège | (Toulouse, entre 656 et 658 - Fouron-le-Comte (ou Tervueren), 727). Célèbre pour la légende du cerf crucifère, il est aussi représenté comme évêque de Tongres et de Maastricht. Avec Lambert de Maastricht, il est l'un des deux saint patrons de la ville de Liège. | Balat | |
Janvier de Bénévent | Evêque mort martyr en 305, célèbre pour ses reliques conservées à la Cathédrale de Naples. | ? | |
Martin de Tours | (Savaria [auj. Hongrie], 316 – Candes [Gaule], 397). Il est l'un des principaux saints de la chrétienté, célèbre pour les nombreuses représentations du partage de son manteau avec un pauvre. Il est aussi représenté en tant qu’évêque de Tours. | Balat | |
Nicolas de Myre | (Patare [auj. Turquie], vers 270 - Myre [auj. Turquie], 345). Evêque de Myre, il est notamment représenté avec les attributs de sa fonction. | Balat | |
Patrick d'Irlande | (vers 386 – vers 461). Evêque d’Irlande, dont il est le saint patron. | ? | |
Remy | (Cerny-en-Laonnois [FR], 437 – Reims, 533). Evêque, célèbre surtout pour avoir baptisé Clovis. | Balat | |
Navette à encens | Anges | Les ange thuriféraires peuvent également être munis, outre l’encensoir, d’une navette à encens. | ? |
Laurent | Diacre (voir supra), il manie l’ostensoir et ses accessoires. | ? |