Nappe d'autel

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Nappe d'autel, Antwerpen, Kerk Sint-Carolus Borromeus, 1er quart du 17e siècle, © IRPA, Bruxelles, cliché X085601
Nappe d'autel dans Retable de la vie de la Vierge, Forest, Kerk Sint-Denijs, 1541-1560, © IRPA, Bruxelles, cliché X003730

Étymologie

  • Nappe : Vers 1140, nape, « linge étendu sur la table avant de dresser le couvert » (cfr Pèlerinage de Charlemagne, édité par Guido Favati, 1965, p. 416, cité par TLFi) ; en 1319, dans les Objets mis en gage par le comte de Flandre  : un nape d'autel à un riche orfrais de perles (Chanoine Dehaisnes, Documents et extraits divers concernant l'histoire de l'art dans la Flandre, l'Artois & le Hainaut avant le XVe siècle, 1ère partie, 1886, p. 225).
  • Autel : < latin altare, « autel (chrétien) » (Tertullien (écrivain chrétien mort en 240), De oratione, 11, cité par Gaffiot, p. 105).

Définition

Toile rectangulaire, généralement de lin, sur laquelle on célèbre la messe.

Hiérarchie

Origines et développements

La nappe d'autel fait partie de la couverture de l’autel, en usage depuis les origines de la chrétienté. Selon Joseph Braun, une des premières mentions de son utilisation se trouve chez Optat de Milève qui écrit, vers 370 : Qui ne sait pas, parmi les croyants, que lors de la célébration du Mystère divin le bois de l’autel est recouvert d’un voile de lin ? Mais un décret de Pie Ier (milieu du 2e siècle) les évoque déjà.

Le nombre de nappes à poser sur l'autel est variable, en particulier avant le milieu du 16e siècle, voire même plus tard. Le nombre varie de 1 à 5, sans que l’on sache nécessairement si l’on comprend la tela cerata - une toile de lin enduite de cire placée au contact de la pierre d'autel - et le corporal lorsque les nombres sont plus élevés. Le nombre de deux semble être généralement le minimum requis au Moyen Age et au début des Temps Modernes.

Typologie

La typologie rend généralement compte de nappes en lin blanc. On trouve parfois de la soie mais plus rarement, et cela est déconseillé par les textes. Le lin peut être finement tissé, parfois avec des motifs décoratifs. Le décor est rare sur la nappe proprement dite. On trouve par contre plus souvent des bords décorés de franges ou d’un décor brodé. Les temps modernes voient le développement de plus en plus fréquent de dentelles.

En anglais, on distingue les deux toiles supérieures (fair linen cloth et frontlet cloth), et le linge du dessous (undercloth). Des bordures à franges peuvent être utilisées, avec parfois un décor brodé : frontellum, frontiletum, aurifrisium, praetexta.

Textes normatifs

L’emploi de nappes d’autel semble aller de soi. Le nombre des nappes fait néanmoins parfois l’objet de réglementations.

  • De nombreux décrets de synode entre le 13e et le 17e siècle en prévoient (parfois avec la mention « au minimum ») deux (Liège 1287, Cambrai 1300, Tournai 1520, Cambrai 1550, Ypres 1577, Anvers 1643), tout comme Durandus dans son Rationale.
  • L’Ordo servandus per sacerdotem in celebrationem Missae de l'évêque Johann Burchard de Strasbourg, publié en 1502, en prévoit trois, et ce de manière précoce. D’autres synodes (Brixen 1603, Constance 1609 et Namur 1612) et les constitutions de l’évêque de Worcester de 1229 en conseillent trois, mais comprennent parfois là-dedans la tela cerata. A Rome, la règle des trois est en application depuis longtemps.
  • Un décret de Pie Ier (pape de 140/142 à 155) prévoit quatre nappes, de même que le synode d’Exeter (1287).
  • Le synode de Rodez (1289) prévoit cinq nappes.

Le nombre de nappes qui doivent être bénies est variable : au 13e à Worcester, des trois nappes, une au moins doit être bénie. Un inventaire de la cathédrale de Salisbury en 1222 : 14 nappes bénie et 19 non-bénies.

  • Le Missale (dans ses versions récentes) en demande trois, bénies par l’évêque ou une autre personne habilitée. La nappe supérieure doit être plus longue et toucher le sol de part et d’autre :
  • Le Missale Romanum de Pie V, en 1570, stipule : Hoc Altare operiatur tribus mappis seu tobaleis mundis, ab Episcopo vel alio habenti potestatem benedictis, superiori saltem oblonga, quæ usque ad terram pertingat, duabus aliis brevioribus, vel una duplicata (éd. 1719, titre XX).

Sans doute la règle des trois nappes qui s’applique aujourd’hui se généralise-t-elle à la fin du 17e ou au 18e siècle (Missale 1719). Elles doivent être bénies, du moins pour l’une d’entre elles. Selon les règles du 18e siècle : une des nappes est oblongue et pend de part et d’autre de l’autel jusqu’au sol.

Autres dénominations

Drap d’autel

Autres langues
NL altaardoek ou altaardwaal
EN altar cloth ou altar linen
DE Altartuch
IT tovaglia d'altare
ES mantel de altar

BALaT

Les nappes d'autel (1400-1700) dans BALaT - Photothèque

Représentations de nappes d'autel (1400-1700) dans BALaT - Photothèque

Les nappes d'autel dans BALaT - Bibliothèque

Bibliographie

  • Joseph Braun, Die liturgischen Paramente in Gegenwart und Vergangenheit. Ein Handbuch der Paramentik, Herder & Co, Fribourg-en-Brisgau, 1924, p. 184-190
  • Joseph Braun, « Altartuch » (A. « In der katholischen Kirche » ), in Reallexikon zur Deutschen Kunstgeschichte, Bd. I (1934), p. 611-615; en ligne sur RDK Labor, consulté le 26.3.2020]
  • Joël Perrin & Sandra Vasco Rocca (dir.), Thesaurus des objets religieux. Meubles, objets, linges, vêtements et instruments de musique du culte catholique romain. Religions objects of the Catholico Faith. Corredo ecclesiastico di culto cattolico, Paris, Caisse nationale des Monuments historiques, éditions du Patrimoine, 1999, p. 272.