Courtine d'autel

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Messe de Saint-Grégoire du Missel d'Utrecht, 1426-1450, © IRPA, Bruxelles, cliché Z011684
Maître du retable de saint Barthélemy, Messe de Saint-Grégoire, ca. 1535 (détail) © IRPA, Bruxelles, cliché X003035
Vitrail de Lichtfield provenant de l'ancienne abbaye d'Herkenrode. Détail représentant Jean de Hornes, 1532-1539 © IRPA, Bruxelles, cliché X027105
Ignace Sébastien KLAUBER, L’adoration du saint Sacrement, 2e moitié du XVIIIe siècle © IRPA, Bruxelles, cliché M165554


Étymologie

  • Courtine : < bas latin cortina, « rideau », « voile ».
  • Autel : < latin altare, « autel (chrétien) » (Tertullien (écrivain chrétien mort en 240), De oratione, 11, cité par Gaffiot, p. 105).

Cortinae sunt aulaea (Isidore de Séville, Etymologiæ sive origines, 19, 26, 9).

Définition

Ensemble de rideaux délimitant l’espace autour d’un autel. La courtine est suspendue à un ciborium ou à un porte-courtines. Elle est généralement placée de chaque côté de l’autel et parfois derrière celui-ci.

Hiérarchie

Origines et développements

Les courtines d'autel ont une origine ancienne. Les premières mentions de leur utilisation en occident datent du 8e siècle, même si leur utilisation est restreinte à Rome dans un premier temps. À l’origine les rideaux étaient au nombre de quatre : les tetravela(τετρα, quatre, et velum, voile). Ils étaient accrochés entre les colonnes du ciborium.

L’usage des tetravela à Rome est attesté jusqu’au 13e siècle. Il disparaît ensuite au profit de deux rideaux placés sur les côtés de l’autel : les courtines. Absentes des textes prescriptifs jusqu'au 13e siècle, l'usage des courtines se répand au nord de l'Europe aux 14e, 15e et 16e siècles, ainsi qu'en témoignent de nombreuses représentations iconographiques. Les courtines tombent progressivement en désuétude à partir de la seconde moitié du 16e siècle, peut-être en lien avec l'apparitions des autels monumentaux. Leur usage semblent néanmoins se maintenir dans certaines régions jusqu'au 18e siècle (voir infra, Synode de Saint-Omer et, ci-contre, l’estampe de Kleber).

Typologie

On place les courtines tant à l’autel principal qu’aux autels latéraux (à la différence des tetravela, qui étaient seulement installés au maître autel). Si un mur est présent sur le côté de l’autel, un seul rideau suffit. Parfois, un troisième rideau prend place à l’arrière de l’autel. Les anglais l’appellent dossal. Dans le Glossarium mediae et infimae Latinitatis de Charles du Fresne du Cange (1610-1688), on trouve sous les termes Dorsale, Dossal, Dossellus, Doxale, Dorsile… de nombreuses mentions d’éléments textiles, dont certains sont destinés à être placés derrière l’autel. Les rideaux sont accrochés soit à des tringles placées entre des colonnes en bois, métal ou pierre (surtout à l’autel majeur), soit à des bras (parfois escamotables dans le cas des autels secondaires). Ils sont parfois attachés au retable.

Les courtines, en général assez simples, peuvent être de couleurs variées et très brillantes et ouvragées, parfois couvertes de riches dessins, de figures, de sujets tissés ou brodés (Malet, p. 62).

Textes normatifs

Il n'y a pas d’obligations, mais la courtine d'autel est conseillée par de nombreux synodes (Cologne 1280, Münster 1279, Liège 1287, Cambrai ca. 1300).

  • Synode de Cologne, 1280 : Cortinae in lateribus altaris utriusque appendatur nec in aliquo tempore sacrificii retro trahantur (Braun, 1924, p. 199)
  • Synode de Liège, 1287 : Cortinae a lateribus altaris utrimque appendatur, nec ab aliquo tempore Sacrificii retrahantur (Source : Concilia Germaniae, vol. 3, p. 691).
  • Synode d'Arras, 1570 : Sacerdotes sacerdotalibus integris et mundis induti ornamentis, ad missae sacrificium peragendum, mundi quoque et confessi accedant : altare tectum sit, ut minimum, duabus pallis, cortinae utriumque dependeant, ne sacrificantis visus detrahi possit.
  • Synode de Saint-Omer, 1640 : on demande à ce que ce point soit inspecté au cours des visites d’églises : Visantur altaria, an omnia sint consecrata, a pulvere et sordibus libera, tribus mundis mappis cooperta, instructa et ornata honestis picturis et imaginibus, non mutilis, non ruptis, non scandalosis, non apocryphas historias referentibus, aut nudas personas indecore repraesentatibus (atque etiam consideretur in aliis imaginibus per totum templum dispositis), corticis, idem antipendis, candelabris binis, caeterisque ornamentis atque imagine Crucifixi in medio.

Autres dénominations

Voiles d'autel.

Autres langues
NL altaargordijn
EN riddel, altar curtains
DE Altarvelen
IT cortina d’altare
ES cortina del altar
Langues anciennes
Latin tetravela, cortina

BALaT

Les courtines d'autel (XIXe siècle) dans BALaT - Photothèque

Représentations de courtines d'autel (1400-1700) dans BALaT - Photothèque

Les courtines d'autel dans BALaT - Bibliothèque

Bibliographie

  • Joseph Braun, Der christliche Altar in seiner geschichtlichen Entwicklung, t. II, Die Ausstattung des Altars, Antependien, Velen, Leuchterbank, Stufen, Ciborium und Baldachin, Retabel, Reliquien- und Sakramentsaltar, Altarschranken, Munich, 1924, p. 134-147.
  • Jean-Louis Charlet, La correspondance philologique de Niccolò Perotti, Edition critique, traduction et commentaires, 2018.
  • J. Malet, « Essai sur les autels », Revue de l'art Chrétien, 23e année, 2e série t. 11 (38e de la collection), 1879, p. 53 et 61-62.
  • Joël Perrin & Sandra Vasco Rocca (dir.), Thesaurus des objets religieux. Meubles, objets, linges, vêtements et instruments de musique du culte catholique romain. Religions objects of the Catholico Faith. Corredo ecclesiastico di culto cattolico, Paris, Caisse nationale des Monuments historiques, éditions du Patrimoine, 1999, p. 270.
  • Jean-Baptiste Thiers, Dissertations ecclésiastiques sur les principaux autels des églises, les jubés des églises, la clôture du choeur des églises, Paris 1688 (chapitre 19).